dimanche 31 août 2008

Les Mal Partis, Sébastien Japrisot


Marseille sous l’occupation. Denis Leterrant est une « forte tête » de 14 ans, selon les prêtres de son collège jésuite. C’est-à-dire qu’il aime chahuter avec ses camarades et faire tourner la tête des surveillants. Sœur Clotilde est une enseignante du pensionnat pour jeunes filles de Nice. A 26 ans, elle s’occupe également des malades de l’hôpital.
Vous devinerez aisément la suite des événements quand, obligé par un de ses surveillants, Denis se rend à l’hôpital à la rencontre de malades. Il rencontre Sœur Clotilde et leurs vies ne seront plus jamais comme avant.

Je commence mon cycle Aristochat avec sa toute première œuvre romanesque (écrite à 19 ans !). Il l’a d’ailleurs signé de son véritable nom, Jean-Baptiste Rossi. Le style juvénile est en parfait accord avec le propos. Il décrit un amour pur, vrai remis en question par la différence d’âge et surtout par la situation de la jeune femme. Comment aimer une Sœur dans une France ancrée par la religion et les interdits ?
Cependant, notre aristochat ne tombe pas dans la facilité : il ne profite pas de la situation de ses personnages pour invectiver la société ou la religion (pourtant il y aurait à faire…) Denis et Clotilde vivent leur amour pleinement malgré la souffrance qui en découle. Un excellent premier roman prometteur…. Vivement la suite de sa bibliographie !

« Lorsqu’il fallait rentrer, il n’y avait pas de coupure. Rien ne cessait. Elle ne cessait plus de penser à lui. Le soir, c’était des remords jusqu’au sommeil agité, des prières qui la laissaient malheureuse. Jamais la pensée ne revint qu’elle pourrait ne plus le voir. Son printemps était trop fort, trop chaud, trop brusque, trop dévorant. Son printemps lui devenait plus nécessaire que la vie. Elle priait et déjà il était dans sa prière. Il envahissait tout. »

mardi 26 août 2008

Le Capitaine Alatriste, Arturo Perez-Reverte

Comment avoir envie de relire un roman ? En l'offrant évidemment ! Quand j'ai choisi les aventures du capitaine Alatriste pour Praline, j'ai eu l'irrestistible envie de me replonger dans l'Espagne de Philippe IV, roi d'un pays corrompu.

Alatriste est un ancien soldat de la garde royale. Il s'est fait un nom en combattant avec bravoure. Mais maintenant que la guerre est terminée, il faut bien gagner sa vie... Le voilà "tueur à gage", embarqué dans une histoire qui le dépasse. Le juge inquisiteur Emilio Bocanegra lui propose un travail qu'il n'est pas prêt d'oublier.

Tous les ingrédients d'une bonne série de cape et épée sont réunis dans ce roman : de l'action, la description d'une époque où il faisait bon croiser le fer, du suspens... Bref tout ce qu'il faut pour les amateurs de Cape et d'épée!

Le site web de la série de roman est très bien fait ! A noter que l'adaptation ciné avec le beau Viggo Mortensen est un condensé des 5 tomes de la série!

jeudi 7 août 2008

Lâchons les chiens, Brady Udall


Je dois vous avouer que j'ai choisi ce livre dans ma librairie habituelle non pas grâce à la couverture mais bien grâce à son nom. Je cherchais tout bêtement un auteur en U pour mon challenge ABC..(oui j'ai un peu honte!)


Mais mon flair s'est avéré judicieux!


Brady Udall compte parmi les talents les plus prometteurs de la jeune génération d'écrivains américains. Toutes situées dans de petites villes dUtah et d'Arizona, ses nouvelles teintées d'humour noir composent une oeuvre puissante - de celles qui éclairent des existences généralement délaissées. Leurs personnages s'y sentent souvent seuls, frustrés ou bien trahis par la vie et ils s'avèrent. incapables de résoudre leurs problèmes. Mais même lorsque le désastre menace, le sens du comique de Brady Udall jaillit et les soutient dans leurs efforts parfois extravagants pour ne pas perdre pied.


Beaucoup de drôlerie dans ce recueil de 11 nouvelles, aussi loufoques les unes que les autres. L'art d'écrire des nouvelles peut être un exercice difficile. Mais l'auteur arrive à croquer ses personnages en quelques lignes. Que ce soit l'ex-mari venu apporter une chèvre à son fils, le papi indien qui part à la chasse au serpent, ou la femme anéantie par la folie de son compagnon Brady Udall ne porte aucun jugement, et laisse la liberté au lecteur d'inventer la fin. Et oui! Toutes ses nouvelles se terminent par une ouverture. A nous d'en écrire la suite ou la fin.


Si je devais en choisir une, je prendrais "Buckeye le Mormon" dont voici l'incipit:

"Voici ce que j'ai appris sur Buckeye quelques minutes avant qu'il me casse la clavicule : il a vingt-cinq ans, il est amoureux de ma soeur, il est natif du Wisconsin et c'est donc un Badger."


Un excellent moment de lecture qui dépayse.

lundi 4 août 2008

Le livre du voyage, Bernard Werber


Comment choisir un livre dans une librairie au milieu de tous ces livres qui ne demandent qu'à être lu ? Quel dilemme..C'est d'abord la couverture qui appelle.. Il le faut pour prendre le livre en main, le retourner et lire la quatrième de couverture, voire le feuilleter. En ce qui concerne ce "Livre du voyage", le tableau de René Magritte en première de couverture m'a interpellée, puis le titre (oui je veux voyager!) et alors une fois lue la quatrième, je n'ai pas pu résister à la pulsion lectrissimesque...Jugez plutôt :

"Ah, enfin tu me prends dans tes mains! Ah, enfin tu lis ma quatrième de couverture! Tu ne peux pas savoir comme j'attendais cet instant. J'avais si peur que tu passes sans me voir. J'avais si peur que tu rates cette expérience que nous ne pouvons vivre qu'ensemble. Toi lecteur, humain, vivant. Et moi le livre, l'objet, inerte, mais qui peux te faire décoller pour le grand, le plus simple, le plus extraordinaire des voyages."

Comment passer à côté d’un livre qui nous parle à nous, lecteur ! Je suis faible, je sais. Je me laisse attendrir par un morceau de papier.. Mais on en est tous là.. non ?
Nous voilà embarqué dans un voyage que je ne peux pas décrire. Il faut le vivre. Le vivre en compagnie du livre lui-même qui nous donne ses directives pour pouvoir nous envoler. Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager un petit passage mais un tout petit, pour vous inciter à adopter ce livre-là :

« Tu ne comprends pas pourquoi je te montre tout ça ?
Pour te faire comprendre que ce voyage est quelque chose que tous les hommes recherchent depuis la nuit des temps.Et que les mêmes moyens drogue, religion, technologie de pointe, selon la manière dont on les utilise, peuvent s’avérer bénéfiques ou maléfiques.Ying, Yang.
Magie blanche, magie noire.Ma particularité est de ne rien demander en retour.Seulement un peu de ton temps et de ton intention.Cela semble déjà beaucoup »

Si vous avez une petite heure à consacrer à cet ami, ne vous privez pas, vous allez vibrer !

Challenge ABC 2008-2009

Je me rends compte que j'ai oublié de publier ma nouvelle liste de Challenge! Je ne commence pas au 1er janvier mais au 1er mai (pourquoi faire simple..). Voici donc la nouvelle liste. En rouge sont les livres que j'ai déjà lu

A : Yann Andrea, Cet amour-là
B : Christian Bobin, La part manquante
C: Suzanne Clarke, J.Strange et Mr Norell
D : Philippe K.Dick, Confession d'un barjo
E : J.M Erre, Prenez soin du chien
F : Michel Fitoussi, Victor
G: R.Giraud, Les lumières du zinc
H : E.Hemingway, Le vieil homme et la mer
I: A.Indridason, La femme en vert
J : E.Jones, Perdu dans la ville
K: F.Kafka ,Lettre au père
L : J.M. Laclavetine, Première ligne
M : L.Mancinelli, Attentat contre le Saint-Suaire
N: Joe Nesbo, L'homme chauve-souris
O : Yoko Ogawa, Parfum de glace
P : Anne Perry, Half moon street
Q : Michel Quinn, L'espoir d'aimer en chemin
R : Jorn Riel, Les déserts arctiques
S : B. Schlink, Le liseur
T : Jean Teulé, Darling
U : Brady Udall, Lâchons les chiens
V: Fred Vargas, Ceux qui vont mourir te saluent
W: Amanda.E. Ward, A perte de vue
X : Xinran, Chinoises
Y : Ye Man, La fille de l'ascenseur
Z:Carlos.R.Zafon, L'ombre du vent

samedi 2 août 2008

La fausse veuve, Florence Ben Sadoun

Quelle bonne surprise quand, comme beaucoup de blogueuses, j'ai reçu un mail de la part de chez-les-filles.com pour m'offrir en avant-première, un livre de la future rentrée littéraire! (Merci!!)

Alors au premier abord, la présentation du livre ne m'a pas emballé :

"Aujourd'hui je suis plus vieille que toi alors que j'avais neuf ans de moins que vous..." Ainsi commence La Fausse Veuve. Tutoyant et vouvoyant dans la même phrase son amant disparu, l'héroïne lui raconte, et nous raconte, dix ans après, l'histoire qui leur a été volée. Ce que furent leur amour, leurs moments de bonheur, et aussi le désespoir, leurs muets tête-à-tête à l'hôpital quand, victime d'un grave accident
cérébral, il s'écroule, et se réveille paralysé et privé de parole. Face au drame du "locked-in syndrome", face à la destinée légendaire d'un personnage que les médias se sont sont approprié, une femme n'oublie pas qu'il était un homme. Comment se parler d'un souffle ? Comment s'aimer sans se toucher ? Comment lire les battements d'un coeur au rythme d'un battement de paupière? C'est ce chemin escarpé, compliqué, et parfois très éloigné du deuil, qu'on suit dans ce roman en s'arrêtant sur les cases de l'enfance, en reculant sur celles de l'amour et de la religion, et en sautant à pieds joints sur celle de la mort comme au jeu de la marelle"

Et puis je me suis laissée embarquée par l'histoire, par la force des mots. La narratrice raconte de façon extrêmement touchante sa "presque" histoire d'amour avec un homme réduit à l'état de légume. Presque histoire d'amour car elle est "l'autre", la maîtresse, celle que l'on rejette, que l'on oublie. Celle qui est de trop... Sauf qu'ils s'aimaient.
L'alternance dans l'écriture entre le "tu" et le "vous" pour désigner son amant marque l'envie de se détacher pour ne plus souffrir.. mais cette incapacité à le faire. L'écriture, à fleur de peau, trahit ce sentiment. Comment ne pas être émue?

De plus, tout rappelle "le scaphandre et le papillon" (jusque sur la couverture). La narratrice parle de trahison du film par rapport à sa vie :
"Alors ces inconnus que je n’aurais pas aimé croiser dans un dîner parlent de vous. Parlent de toi. Non pas du vrai toi mort depuis dix ans, mais d’un toi vulgarisé. C’est ton nom qui sonne comme une carcasse vide, devenu celui d’un personnage de film, un héros qu’ils ont l’impression de connaître. Ils en sont convaincus. Je ne le supporte pas. J’ai la chair de poule. Je ne bouge pas, j’écoute comme si mon esprit sortait de mon corps et allait s’asseoir à leur table pour entendre, décortiquer, vomir sur ce qu’ils disent."
Ce livre parle d'un deuil. Le deuil d'une femme non considérée, d'une femme amoureuse.. JE vous offre un de mes passages préférés :
"Tu es rangé quelque part. Je ne sais pas très bien où, mais en tous cas tu n’es plus posté sur mon épaule, à surveiller qui me touche, qui je touche. Planqué dans les circonvolutions de l’imparfait, bien au chaud, comme disent les enfants, tu ne fais plus de ravages dans mon présent, ni le jour ni la nuit, et d’ailleurs je ne te donne pas forcément de futur.
Mon avenir, mes demain appartiennent à quelqu’un d’autre. D’ailleurs vous auriez plutôt été un futur à conjuguer en hébreu, une temporalité qui n’existe pas dans cette langue où demain se conjugue à l’inaccompli.
Comme nous."
Je ne peux que vous le recommander! A lire les avis de Praline, du paperblog, et de Lily