mardi 3 mars 2009

Chinoises, Xinran

Xinran est une journaliste radio dans une Chine qui panse les plaies de la Révolution culturelle. Entre 1987 et 1995, elle a animé de 22h à minuit "Mots sur la brise nocturne", émission où elle invitait les femmes à donner leurs avis sur la société. Cela s'est vite transformé en débats et témoignages poignants que Xinran ne pouvait diffuser car la censure est malheureusement toujours d'actualité dans cette décennie. Grâce à sa compassion et à son ton toujours dans le juste, la journaliste acquiert une bonne réputation et recueille de nombreuses confessions de femmes bafouées par leur famille, le Parti, la vie...

Elle décide de consigner ces mémoires féminines dans ce livre afin que tous (et en particulier les occidentaux) puissent se rendre compte du peu de considération de la femme dans le régime de Mao et encore aujourd'hui.
Le directeur de programme de sa radio l'interpelle pour qu'elle couche sur le papier la vie de ces femmes:

" Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce qu'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir. Si vous n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur."

Et quel bien lui en a pris! Un petit bijou est né dans la sueur du labeur de ces chinoises, dans les larmes que leur a infligé la révolution culturelle (quelle horreur!), dans leurs plaies qui ne se refermeront jamais. Ce n'est pas une lecture de tout repos: on entre dans l'intimité la plus pure de ces laissées pour compte et Xinran ne nous épargne rien: ni les viols, ni les tortures, ni les deuils... Et on en sort grandi.

Quand on lit l'histoire des mères ayant survécu au tremblement de terre ou bien l'histoire de cette femme séparée de force de son amour pendant 45 ans sans parvenir à tourner la page, l'histoire de toutes ces chinoises se font l'écho de notre propre histoire et on ne peut que ressentir un peu de honte de nos vies si "faciles" en comparaison. Grâce à une plume qui vient du coeur et qui ne tombe jamais dans la pitié, Xinran lève le voile sur toutes ces femmes qui gagnent à être connues.

"A l'époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m'aurait peut-être valu la prison. [...] En Angleterre, le livre est devenu possible. Comme si une plume avait poussé dans mon coeur."

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Zou Sandra, pourrait on l'an prochain, choisir des livres plus joyeux pour notre challenge s'il te plait ??!! :D
Pitié je n'en peux plus de ces lectures violentes avec de la torture, des viols et des humiliations !
:(
Je sature !
Toute cette douleur et cette souffrance mis à part, le livre a cependant l'air très touchant. Mais je te préviens, s'il m'est aussi difficile de le lire que Darling... je l'abandonne sans remords :p
Bisous à ton gros ventre ^^

sandrounette a dit…

Je ne sais pas trop quoi te dire vu que j'ai beaucoup apprécié Darling! Je dois avoir un côté masochiste sans doute... :)
Promis pour l'an prochain, pas de livre de torture! Comme on les choisira ensemble, tu pourras mettre ton véto!

Praline a dit…

Magnifique souvenir de lecture pour moi, malgré sa difficulté !

sandrounette a dit…

C'est vrai que c'est un livre difficile à lire, mais cette difficulté n'est rien comparée à la souffrance de toutes ces femmes.

Anonyme a dit…

Ce livre me fait envie depuis un bon bout de temps. Va bien falloir que je finisse par me l'acheter.

Hathaway a dit…

Je suis plongée dans le livre et j'ai beaucoup de mal à le lacher...