samedi 12 avril 2008

Chagrin d'école, Daniel Pennac


Le titre est révélateur du contenu. Daniel Pennac nous raconte ses déboires d'ancien cancre (si si). Soyons clair dès le départ : il s'agit évidemment de nous faire partager sa vision sur l'école des deux côtés. Avec les yeux du cancre d'abord, ses yeux d'enfants puis avec ses yeux de professeur.Si on essayait de dégager un genre dominant dans ce livre, il tiendrait plus de l'essai que du roman.

En refermant le livre, plusieurs questions s'offrent à moi : ai-je aimé parce que je suis moi-même enseignante? Il parle plus souvent du secondaire que du primaire et pourtant, nous avons tous les mêmes préoccupations : la réussite de nos élèves. Il est très important ce possessif, gage de reconnaissance, d'amour même envers nos "petits". De nombreux passages m'ont fait sourire, ont fait écho à ma vie quotidienne : ces élèves "friandises" comme il les appelle, élèves brillants avec lesquels s'installent une connivence mais aussi ces élèves en difficulté qui ne veulent souvent qu'un peu de considération.

Comment faire pour aider ses cancres, ces cabossés de l'école? Daniel Pennac ,cancre, converse avec Daniel Pennac, professeur.

« […] - C'est pas ce qui manque , les méthodes, il n'y a même que ça, des méthodes! Vous passez votre temps à vous réfugier dans les méthodes, alors qu'au fond de vous vous savez très bien que la méthode ne suffit pas. Il lui manque quelquechose.
- Qu'est-ce qui lui manque?
- Je ne peux pas le dire
- Pourquoi?
- C'est un gros mot.
- Pire qu'"empathie" ?
- Sans comparaison. Un mot que tu ne peux absolument pas prononcer dans une école, un lycée, une fac ou tout ce qui lui ressemble.
- A savoir ?
- Non, vraiment, je ne peux pas…
- Allez, vas-y !
- Je ne peux pas, je te dis ! Si tu sors ce mot en parlant d’instruction, tu te fais lyncher.
- …
- …
- …
- L’amour. »

Attention : le livre n’est pas empathique justement. Il ne fait pas l’éloge d’arguments mielleux du style « avec l’amour, vos élèves seront tous brillants ». Daniel Pennac nous offre une critique objective de l’univers scolaire du fait de sa double « casquette » cancre/professeur.
Je serai curieuse d’avoir des avis de personnes non enseignantes, pour me rendre compte de la portée de « Chagrin d’école ».

Il faut dire que j’ai toujours aimé Daniel Pennac grâce à ma prof de français de 3ème, grand bien lui fasse : nous lisant l’incipit de « La fée carabine », elle m’inocula la passion de la littérature… Car, comme le dit Mr Pennac himself :
« Il suffit d’un professeur – un seul – pour nous sauver de nous-même et nous faire oublier tous les autres. »


Merci Monsieur Pennac.
Merci Madame Laine.

5 commentaires:

Joelle a dit…

Je veux le lire mais vu la liste d'attente à ma biblio, je n'ai plus qu'à prendre mon mal en patience !

Praline a dit…

Il est sur ma PAL... je viendrais te donner un avis une fois lu :)

sandrounette a dit…

Je surveillerai vos blogs, comme d'habitude! Je l'avais dans ma PAL depuis Noël... Mieux vaut tard que jamais!

Louis a dit…

Un rescapé de ma PAL aussi... recouvert de poussière de novembre, je l'ai dévoré il y a de cela un mois. J'enseigne depuis quelques années et j'étais curieux de lire le regard que porte Pennac sur cet étrange univers. Pennac a la grande qualité de voir du bon chez l'humain là où la plupart d'entre nous n'y aurait rien vu.

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)