vendredi 25 avril 2008

Un dernier verre avant la guerre, Dennis Lehane

Résumé : Patrick Kenzie est un détective privé engagé par des notables pour récupérer des "documents" volés par une femme de ménage noire. Mais évidemment, tout ne se passe pas comme prévu et les apparences pourraient être trompeuses... Kenzie et Angie, son associée, partent en quête de la vérité et se retrouvent mêlés à une sordide guerre des gangs entre.... un père et son fils! Tout cela avec Boston en toile de fond (qui fait partie intégrante du roman) et un conflit racial omniprésent.

Mon avis : ++++
Quel régal ! Une fois de plus, l'Aristochat ne me déçoit pas. Merci à Thom de l'avoir proposé.
Dennis Lehane réussit le tour de force de nous embarquer dans un tourbillon dont on ne ressort pas indemne. Je me suis étonnée à avaler le livre sans m'en rendre compte... A peine le temps de dire ouf que j'ai posé mes yeux sur la dernière ligne.
L'intrigue est donc très bien menée. Les personnages respirent le vrai, le réel. Leurs relations sont ambiguës, bref on y croit. En plus de ça, Lehane manie à merveille l'humour noir, le sarcasme.
Ce premier roman est une réussite! Un choix cornélien se pose à moi maintenant!!! Est-ce que je les lis dans l'ordre (le suivant est "Ténèbres, prenez-moi la main") ou est-ce que je choisis celui que l'on nomme 'chef d'oeuvre' à savoir "Mystic river" ?
L'enigme sera résolue quand j'irai à la bibliothèque!

samedi 12 avril 2008

Chagrin d'école, Daniel Pennac


Le titre est révélateur du contenu. Daniel Pennac nous raconte ses déboires d'ancien cancre (si si). Soyons clair dès le départ : il s'agit évidemment de nous faire partager sa vision sur l'école des deux côtés. Avec les yeux du cancre d'abord, ses yeux d'enfants puis avec ses yeux de professeur.Si on essayait de dégager un genre dominant dans ce livre, il tiendrait plus de l'essai que du roman.

En refermant le livre, plusieurs questions s'offrent à moi : ai-je aimé parce que je suis moi-même enseignante? Il parle plus souvent du secondaire que du primaire et pourtant, nous avons tous les mêmes préoccupations : la réussite de nos élèves. Il est très important ce possessif, gage de reconnaissance, d'amour même envers nos "petits". De nombreux passages m'ont fait sourire, ont fait écho à ma vie quotidienne : ces élèves "friandises" comme il les appelle, élèves brillants avec lesquels s'installent une connivence mais aussi ces élèves en difficulté qui ne veulent souvent qu'un peu de considération.

Comment faire pour aider ses cancres, ces cabossés de l'école? Daniel Pennac ,cancre, converse avec Daniel Pennac, professeur.

« […] - C'est pas ce qui manque , les méthodes, il n'y a même que ça, des méthodes! Vous passez votre temps à vous réfugier dans les méthodes, alors qu'au fond de vous vous savez très bien que la méthode ne suffit pas. Il lui manque quelquechose.
- Qu'est-ce qui lui manque?
- Je ne peux pas le dire
- Pourquoi?
- C'est un gros mot.
- Pire qu'"empathie" ?
- Sans comparaison. Un mot que tu ne peux absolument pas prononcer dans une école, un lycée, une fac ou tout ce qui lui ressemble.
- A savoir ?
- Non, vraiment, je ne peux pas…
- Allez, vas-y !
- Je ne peux pas, je te dis ! Si tu sors ce mot en parlant d’instruction, tu te fais lyncher.
- …
- …
- …
- L’amour. »

Attention : le livre n’est pas empathique justement. Il ne fait pas l’éloge d’arguments mielleux du style « avec l’amour, vos élèves seront tous brillants ». Daniel Pennac nous offre une critique objective de l’univers scolaire du fait de sa double « casquette » cancre/professeur.
Je serai curieuse d’avoir des avis de personnes non enseignantes, pour me rendre compte de la portée de « Chagrin d’école ».

Il faut dire que j’ai toujours aimé Daniel Pennac grâce à ma prof de français de 3ème, grand bien lui fasse : nous lisant l’incipit de « La fée carabine », elle m’inocula la passion de la littérature… Car, comme le dit Mr Pennac himself :
« Il suffit d’un professeur – un seul – pour nous sauver de nous-même et nous faire oublier tous les autres. »


Merci Monsieur Pennac.
Merci Madame Laine.

mercredi 2 avril 2008

Les chats nouveaux sont arrivés!

Je profite de l'occasion (publier mes nouvelles critiques) pour vous faire une annonce officielle : l'ouverture du blog des chats!!! N'hésitez pas à aller y faire un tour, vos serez toujours bien reçus par nos charmantes chanimatrices et beaux chanimateurs sans oublier les "chroniqueurs" chat-pitre dont je fais partie!

Darling, Jean Teulé


Résumé : Catherine Nicolle est née dans la merde. C'est le cas de le dire. Fille cadette de paysans qui ne l'ont jamais aimés, Catherine grandit par elle-même. Vivant au bord de la route nationale, elle s'éprend des camions qui passent et de leur chauffeur. Elle apprend à lire grâce aux inscriptions des remorques, elle apprend à compter grâce à leurs plaques minéralogiques. A l'aide d'une C.B, elle arpente la bande sonore à la recherche de l'homme de ses rêves, un routier bien évidemment. Ce bout de femme enchaîne les galères à un rythme insoutenable...

Mon avis : ++++

Encore un Jean Teulé qui me donne un bon coup de poing au ventre... Ce roman n'en est pas un puisqu'il s'agit d'une histoire vraie. En filigrane, des extraits de dialogue entre Darling et Jean Teulé rendent le récit encore plus proche de nous. On ne peut que lire cette histoire navrante, ce combat perdu, ce désespoir. Et encore, Darling semble très froide vis-à-vis des drames qu'elle a vécu lorsqu'on lit ses "interwiew".
On est choqué, on est blessé, on se demande comment cette femme tient encore debout. Jean Teulé n'est jamais compatissant, n'emploie pas un ton mielleux pour faire basculer le lecteur dans le pathos. Il utilise son style percutant, sans concession, narrant une histoire "vraie". Je ne regrette absolument pas ce moment de lecture. Même si le contenu est dur, comme la vie.

Merci à Babelio! Ce livre a en effet été lu grâce à l'opération Masse critique.

26 a, Diana Evans

Georgia et Bessi sont jumelles. Elles font partie d'une famille de quatre filles. Entre Bel, l'aînée et Kemy, la cadette, elles occupent une place privilégiée, au centre de toutes les attentions. Du grenier du 26 Waifer Avenue, dans la banlieue de Londres, elles grandissent avec un père qui se tranforme en Mr Hyde à chaque fois qu'il a un verre d'alcool dans la main, une mère nigériane qui parle à sa propre mère disparue...
Ce roman est composé de 4 "bouts" où l'on partage le quotidien des jumelles pendant 25 ans. De leurs chimères au grenier à leur voyage au Nigéria, le lecteur grandit en même temps qu'elles. La narration se fait sur un rythme lent, paresseux... Délectation des moments de joie.Puis le rythme s'accélère. Le roman bascule. L'être-deux des jumelles se divise; l'une d'elle a un secret à cacher. Le besoin de se sentir seul, dans l'être-un se fait plus pressant. L'auteur le note stylistiquement lorsque Georgia assume la narration alors qu'auparavant le narrateur était omniscient.
La lecture de ce roman m'a procurée énormément de plaisir : le style de Diana Evans nous accroche, nous laisse en suspend, comme dans un souffle. D'ailleurs c'est l'impression qui se dégage de l'ensemble : un récit à bout de souffle. J'ai été happée, subjuguée. L'émotion est au rendez-vous au détour de chaque ligne. Tantôt la connivence, tantôt la colère, la tristesse, la peur... Je suis seulement un peu déçue par la fin "Le meilleur bout" qualifié ainsi en table des matières. Beaucoup trop "fantastique" et religieux à mon goût, même s'il m'a beaucoup touché. Pour conclure, un premier roman prometteur d'une grande diversité esthétique. Un coup de coeur!