vendredi 25 avril 2008
Un dernier verre avant la guerre, Dennis Lehane
Mon avis : ++++
Quel régal ! Une fois de plus, l'Aristochat ne me déçoit pas. Merci à Thom de l'avoir proposé.
Dennis Lehane réussit le tour de force de nous embarquer dans un tourbillon dont on ne ressort pas indemne. Je me suis étonnée à avaler le livre sans m'en rendre compte... A peine le temps de dire ouf que j'ai posé mes yeux sur la dernière ligne.
L'intrigue est donc très bien menée. Les personnages respirent le vrai, le réel. Leurs relations sont ambiguës, bref on y croit. En plus de ça, Lehane manie à merveille l'humour noir, le sarcasme.
Ce premier roman est une réussite! Un choix cornélien se pose à moi maintenant!!! Est-ce que je les lis dans l'ordre (le suivant est "Ténèbres, prenez-moi la main") ou est-ce que je choisis celui que l'on nomme 'chef d'oeuvre' à savoir "Mystic river" ?
L'enigme sera résolue quand j'irai à la bibliothèque!
samedi 12 avril 2008
Chagrin d'école, Daniel Pennac
En refermant le livre, plusieurs questions s'offrent à moi : ai-je aimé parce que je suis moi-même enseignante? Il parle plus souvent du secondaire que du primaire et pourtant, nous avons tous les mêmes préoccupations : la réussite de nos élèves. Il est très important ce possessif, gage de reconnaissance, d'amour même envers nos "petits". De nombreux passages m'ont fait sourire, ont fait écho à ma vie quotidienne : ces élèves "friandises" comme il les appelle, élèves brillants avec lesquels s'installent une connivence mais aussi ces élèves en difficulté qui ne veulent souvent qu'un peu de considération.
Comment faire pour aider ses cancres, ces cabossés de l'école? Daniel Pennac ,cancre, converse avec Daniel Pennac, professeur.
« […] - C'est pas ce qui manque , les méthodes, il n'y a même que ça, des méthodes! Vous passez votre temps à vous réfugier dans les méthodes, alors qu'au fond de vous vous savez très bien que la méthode ne suffit pas. Il lui manque quelquechose.
- Qu'est-ce qui lui manque?
- Je ne peux pas le dire
- Pourquoi?
- C'est un gros mot.
- Pire qu'"empathie" ?
- Sans comparaison. Un mot que tu ne peux absolument pas prononcer dans une école, un lycée, une fac ou tout ce qui lui ressemble.
- A savoir ?
- Non, vraiment, je ne peux pas…
- Allez, vas-y !
- Je ne peux pas, je te dis ! Si tu sors ce mot en parlant d’instruction, tu te fais lyncher.
- …
- …
- …
- L’amour. »
Attention : le livre n’est pas empathique justement. Il ne fait pas l’éloge d’arguments mielleux du style « avec l’amour, vos élèves seront tous brillants ». Daniel Pennac nous offre une critique objective de l’univers scolaire du fait de sa double « casquette » cancre/professeur.
Je serai curieuse d’avoir des avis de personnes non enseignantes, pour me rendre compte de la portée de « Chagrin d’école ».
Il faut dire que j’ai toujours aimé Daniel Pennac grâce à ma prof de français de 3ème, grand bien lui fasse : nous lisant l’incipit de « La fée carabine », elle m’inocula la passion de la littérature… Car, comme le dit Mr Pennac himself :
« Il suffit d’un professeur – un seul – pour nous sauver de nous-même et nous faire oublier tous les autres. »
Merci Monsieur Pennac.
Merci Madame Laine.
mercredi 2 avril 2008
Les chats nouveaux sont arrivés!
Darling, Jean Teulé
Résumé : Catherine Nicolle est née dans la merde. C'est le cas de le dire. Fille cadette de paysans qui ne l'ont jamais aimés, Catherine grandit par elle-même. Vivant au bord de la route nationale, elle s'éprend des camions qui passent et de leur chauffeur. Elle apprend à lire grâce aux inscriptions des remorques, elle apprend à compter grâce à leurs plaques minéralogiques. A l'aide d'une C.B, elle arpente la bande sonore à la recherche de l'homme de ses rêves, un routier bien évidemment. Ce bout de femme enchaîne les galères à un rythme insoutenable...
Mon avis : ++++
Encore un Jean Teulé qui me donne un bon coup de poing au ventre... Ce roman n'en est pas un puisqu'il s'agit d'une histoire vraie. En filigrane, des extraits de dialogue entre Darling et Jean Teulé rendent le récit encore plus proche de nous. On ne peut que lire cette histoire navrante, ce combat perdu, ce désespoir. Et encore, Darling semble très froide vis-à-vis des drames qu'elle a vécu lorsqu'on lit ses "interwiew".
On est choqué, on est blessé, on se demande comment cette femme tient encore debout. Jean Teulé n'est jamais compatissant, n'emploie pas un ton mielleux pour faire basculer le lecteur dans le pathos. Il utilise son style percutant, sans concession, narrant une histoire "vraie". Je ne regrette absolument pas ce moment de lecture. Même si le contenu est dur, comme la vie.
Merci à Babelio! Ce livre a en effet été lu grâce à l'opération Masse critique.
26 a, Diana Evans
Ce roman est composé de 4 "bouts" où l'on partage le quotidien des jumelles pendant 25 ans. De leurs chimères au grenier à leur voyage au Nigéria, le lecteur grandit en même temps qu'elles. La narration se fait sur un rythme lent, paresseux... Délectation des moments de joie.Puis le rythme s'accélère. Le roman bascule. L'être-deux des jumelles se divise; l'une d'elle a un secret à cacher. Le besoin de se sentir seul, dans l'être-un se fait plus pressant. L'auteur le note stylistiquement lorsque Georgia assume la narration alors qu'auparavant le narrateur était omniscient.
La lecture de ce roman m'a procurée énormément de plaisir : le style de Diana Evans nous accroche, nous laisse en suspend, comme dans un souffle. D'ailleurs c'est l'impression qui se dégage de l'ensemble : un récit à bout de souffle. J'ai été happée, subjuguée. L'émotion est au rendez-vous au détour de chaque ligne. Tantôt la connivence, tantôt la colère, la tristesse, la peur... Je suis seulement un peu déçue par la fin "Le meilleur bout" qualifié ainsi en table des matières. Beaucoup trop "fantastique" et religieux à mon goût, même s'il m'a beaucoup touché. Pour conclure, un premier roman prometteur d'une grande diversité esthétique. Un coup de coeur!