lundi 3 novembre 2008

Expiation, Ian Mc Ewan


Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t'en vas ? (V.H)



Le titre du livre ne peut me faire penser au magnifique chant de Victor Hugo extrait des Châtiments :


« Stupéfait du désastre et ne sachant que croire,
L'empereur se tourna vers Dieu ; l'homme de gloire
Trembla ; Napoléon comprit qu'il expiait
Quelque chose peut-être, et, livide, inquiet,
Devant ses légions sur la neige semées :
- Est-ce le châtiment, dit-il, Dieu des armées ? -
Alors il s'entendit appeler par son nom
Et quelqu'un qui parlait dans l'ombre lui dit : non »


Angleterre, 1935. Une famille à l’aube d’un drame. Briony Tallis, la fille cadette, sait qu’elle veut être romancière. Elle abandonne l’écriture de ses contes de fée à l’âge de treize ans, cette année-là en 1935, lorsqu’elle surprend sa sœur aînée Cécilia dans les bras de Robbie, le fils de la domestique. Pour Briony il n’y a pas de doute, sa sœur vient de se faire brutaliser par une bête sans nom… sauf que cette bête se nomme Amour et que Briony, du haut de ses treize ans, ne comprend pas ce qui se passe. C’est alors que tout bascule… Trois vies sont anéanties par un mensonge d’une ampleur considérable.

Quand on retrouve les personnages cinq ans plus tard, il est déjà trop tard, le lecteur en est intimement persuadé et gade espoir pourtant. Espoir en un avenir utopique qui sauve les gens biens au lieu de les désintégrer….


Quand un livre vous prend les tripes à ce point, tout est gagné. La lectrice que je suis se souviendra longtemps de cette magnifique découverte. Je suis bouleversée…Il m’est difficile de mettre des mots sur les émotions qui me submergent. C’est un mélange de frustration, de peine, de colère… On a déjà lu depuis longtemps des histoires d’amour tragiques à la Roméo et Juliette. Cependant, ce roman ne se résume pas à cela. On assiste à la mise en place du drame dans un cadre idyllique. L’auteur nous emmène là où il veut : il prend le lecteur par la main et lui montre les aspects des personnages, nous y attache pour mieux laisser tomber cette main et nous faire assister au crash de Robbie et Cécilia.


Je ne peux que haïr Briony, je ne peux pas faire autrement. Quand on la retrouve cinq ans plus tard et qu’elle nous raconte son quotidien, je voudrais la secouer, la meurtrir de toutes mes forces. Elle a rapidement compris qu’elle expiait. Mais même le dernier chapitre ne peut faire oublier son crime impardonnable.


Vous voyez donc à quel point la rencontre avec l’Aristochat fut passionnée ! Il a réussi à me donner de telles émotions que je ne peux qu’applaudir, me ruer vers ma bibliothèque municipale et crier : Au suivant !



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce titre sera le dernier essai que je ferai avec cet auteur. Mes deux premières approches (Saturday (enfin Samedi pour le titre français) et Délire d'amour) ne m'ont pas franchement convaincue.

sandrounette a dit…

Je suis en train de lire Samedi et, en effet, ce n'est pas du même acabit... Celui-ci en revanche est un vrai coup de cœur!